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#JeudiCulture: DIAKITEMÈRÈ

Une identité culturelle Khassonké

Jadis connue comme une identité de la femme Khassonké, elle était faite par les jeunes filles et les dames pour des occasions de mariages, baptêmes, lors des fêtes ou pour tout autre événement de grande envergure. En plus d’être un accessoire de parures, elle représente également une étape remarquable de la vie de la femme dans le Khasso. Connue aussi chez les peulh comme étant la coiffure de la jeune fille, cette coiffure s’est faite une place importante dans l’ethnie Khassonké. Le peuple Kkassonké est issu du métissage entre Peulh et les peuples autochtones de Kayes: Malinké, Sonninké et bambara du Kharta. Selon nos investigations, le Diakitemèrè tire ses origines de Oussoubidjan Diakité qui serait le père fondateur de l’actuel OUSSOUBIDJAGNA une ville du cercle de Bafoulabe dans la région de Kayes. C’est lui qui chaque année convoquait tous les notables et chefs de guerre afin de discuter du sort de son royaume TOUMBI FARA actuel OUSSOUBIDJAGNA. Pour l’occasion, il faisait faire aux femmes cette coiffe majestueuse, couronne de gazelle. Puis quand vint le tour de l’initiation de ses filles, il fit tressé cette coiffure à celles-ci qui venait de passer, l’étape de jeune fille en femme, une initiation appelée MOUKILOU ou MOUKIRA selon les différents dialectes. Après, le Diakitemèrè couronnait l’essentialité de l’initiation par sa beauté. En cette époque seules les jeunes filles ayant passé cette étape pouvait en être ornées. N’Faly Kouyate un griot conservateur du Khasso nous a confié pendant nos investigations : la femme une fois mariée ne portait plus le Diakitemèrè. Elle était réservée seulement aux jeunes femmes célibataires qui ont passé leur initiation. Plus tard avec l’abandon de certaines rigueurs en la matière les femmes l’adoptèrent toutes. Ainsi devenue une identité des femmes du Khasso auprès d’autres femmes du Mali.

Comment se tresse le Diakitemèrè?

Cette tresse se réalisait à l’aide de cheveux et des mèches à base de plantes. Ces mèches à l’époque étaient faites à l’aide des fils d’hibiscus « DA FOU WO » Les tiges de la plante souvent utilisée pour réaliser des sacs de céréales, des mèches  de coiffures, des fils pour coudre. La coiffe se fait en tissant deux cordons de chevelures mêlées à la mèche de « DA FOU WO » tressées de la partie frontale de la tête à la partie pariétale, puis des deux latérales, deux autres cordons de la partie pariétale descendant vers le temporal jusque devant les oreilles. Ensuite, le reste est fait de petites tresses de chevelure en miniature pour orner la tête. Le tout formant le Diakitemèrè. De nos jours avec les mèches industrielles et l’abandon de la fabrication des mèches à « DA FOU WO », bon nombre de coiffeuses ont recours aux nouvelles mèches. Puisque le monde évolue porteuses de Diakitemèrè se sont adaptées.

Aujourd’hui avec l’interpénétration culturelle que subit le monde, les tresses africaines semblent faire place aux nouvelles modes de coiffures, relevant celles-ci au rang de patrimoine à conserver. L’idée serait de montrer qu’une identité culturelle entière pourrait disparaître avec la disparition, une coiffure. Nafissatou Kanoute une conservatrice de la culture Khassonké nous affirme tout son intérêt par la sauvegarde de ses tresses qui sont plus qu’une coiffure mais une culture entière : « nous pouvons évoluer avec ces coiffures, elles nous rendent toute notre beauté et mieux encore elles témoignent notre grand amour  » Confiait-elle.

Certes le monde évolue, nous pouvons aimer ce qui nous vient d’ailleurs mais le mieux serait que nous ayons un œil sur ce que nous avons comme identité culturelle car c’est la survie de nos valeurs ancestrales qui sont en jeux.

Fama Mademba Sacko