Musique

Madou Sidiki Diabaté: La Kora dans la peau

La Kora se joue dans sa famille depuis 72 générations, son ancêtre Tilimakan Diabaté est le premier qui a joué à la harpe-luth manding, au 13e siècle dans la cour des rois du Mandé. Il s’appelle Madou Sidiki Diabaté, le dernier fils de Sidiki Diabaté, virtuose de la Kora mandingue, Madou Sidiki est la 71e génération a avoir reçu cette harpe en héritage. Il est le fondateur du groupe Manding Griot Groove. La Kora, instrument de musique de chambre, noble aux sons délicats autrefois accompagnait les griots de cour royale dans l’exercice de leur art. Constituée de calebasse et de cordes, chaque Kora compte vingt-une cordes. Cette harpe africaine se trouve essentielle à la musique classique mandingue, était sacrée à la vie de cour.

Bonsoir Madou Sidiki Diabaté, pourriez-vous vous présentez aux lecteurs de MaliCulture?

Je suis Madou Sidiki Diabaté, joueur de Kora.

Quand vous dites que vous êtes Madou Sidiki Diabaté, cela sous entend que vous êtes le fils de Sidiki Diabaté le grand virtuose de la Kora? Est ce que vous pouvez nous parler de votre père?

Mon père est un ancien sociétaire de l’ensemble instrumental du Mali. Il est même un des membres fondateurs. En plus On peut dire qu’il est l’une des premières personnes à intégrer la Kora dans le Mali moderne. Il est né en Gambie, arrivé au Mali en 1943, ce qui est sûr il est d’origine malienne, son père est originaire de Kita mais lui et ses frères sont tous nés en Gambie.

Votre père revient au Mali sur la terre de ses ancêtres  avec la Kora. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la Kora dans votre famille?

L’histoire de la Kora dans ma famille… En fait nous ne sommes pas de simples joueurs de Kora, nous sommes propriétaires et légataires de cet instrument. C’est ce que je dis souvent, mon Feu Père est la 70e génération de joueur de Kora de père en fils, à partir de la toute première personne qui a joué de cet instrument qui s’appelait Tilimakan Diabaté. La Kora est découverte au 13e siècle par Tiramakan et son ami Waly Keledjan Diawara, dans l’actuelle Guinée-Bissau.

Vous jouez à la Kora depuis votre enfance. Quel est votre premier souvenir?

Au début la Kora était comme un petit jouet pour moi. Ma toute première Kora était une 8 cordes ce n’était pas une vraie Kora, on me l’avait fabriqué pour accompagner les grands de ma famille. J’ai véritablement jouer à la Kora en 1987.

Je me rappelle, j’étais encore une gamine, vous avoir découvert très jeune jouant. Cela émerveillait tout le Mali.

J’ai enregistré mon premier solo en 90, c’était dans les studios de l’ORTM. On enregistrait à l’époque pour la toute première fois au Mali, le plus jeune joueur de Kora. Étant le Benjamin de ma famille, j’ai bénéficié de la chance d’accompagner mes parents à travers le monde, très jeune. Mon premier concert fut en 1987 à l’Institut Français de Bobo Dioulasso. Finalement en 1992 lors de mon tout premier concert en Europe lors du festival Africolor que je me rends compte que j’étais fait pour ce métier.

Étant donné que l’apprentissage de la Kora se fait par leg dans votre famille, comment ça se passe avec vos enfants?

Écoutez, on ne m’a jamais obligé à jouer à la Kora, j’y suis venu naturellement, mes enfants je ne les oblige pas non plus. Mon fils Salif Diabaté que vous entendez en train de jouer sur la scène y est venu comme moi aussi. Il est comme mes autres fils Sidiki et Balla (les enfants de son frère aîné Toumani). Si je puis m’exprimer ainsi cet instrument nous l’avons dans le sang, par conséquent nous l’apprenons naturellement. Par exemple je n’ai jamais eu de Professeur, mon père qui pris par l’ensemble instrumental et sa carrière me consacrait quelque moment pour me corriger ce sont les vrais et seuls cours que j’ai eu.

Vous avez cette aisance dans le jeu. Cette décontraction vient de là? Quand on regarde c’est impressionnant, d’où vous tenez votre sérénité?

Je dirais c’est tout simplement pour exprimer l’amour qu’il y a entre cet instrument et moi. Un bon musicien se fait plaisir en jouant reçoit du plaisir, ce n’est que transmission de tout le plaisir reçu. Ma sérénité vient de ce dialogue d’amour entre ma Kora et moi.

Quand on vous regarde, surtout ceux qui vous suivent sur les réseaux sociaux, on constate que vous tournez beaucoup, comment se passe la vie de famille?

Ce n’est pas souvent facile, on s’adapte. Souvent c’est compliquer pour les enfants. Heureusement pour moi j’ai une femme qui pratique le même métier que moi.

Nous vous félicitons pour votre couple, votre femme Safi Diabaté mène elle aussi sa carrière, parfois vous vous retrouvez pour jouer. Comment votre carrière conjointe évolue ensemble ?

Cette carrière évolue merveilleusement, c’est naturel. Le griot et la griotte est un couple mythique dans l’histoire musicale du Mali. Le griot instrumentiste est toujours accompagné de sa femme griotte qui elle, chante. C’est dans cet esprit que nous nous plaçons. On suit les traces des parents. Dans ma carrière Solo je fais beaucoup de projets mais avant toute chose, je reste attentif à ce qu’elle fait.

Avant la dernière question, j’ai envi de vous posez cette question sur votre mère. Désolée pour sa perte, je sais qu’il y une grande histoire d’amour entre votre mère et vous. Vous lui avez d’ailleurs dédié une chanson chantée par votre femme. Comment vous gérez l’absence de ces personnes chères?

C’est le fait de Dieu de perdre ses parents nous profitons encore de l’estime de leurs admirateurs et de leurs amis. Cela nous aide à compenser.

Vous avez combien d’albums à votre actif. Bientôt un album avec Safi Diabaté?

J’ai sept albums à mon actif, distribués à l’international. Avec ma femme nous travaillons sur la sortie prochaine d’un album. Nous avons déjà avec le groupe Manding Griot Groove, le groupe qui joue avec moi ici à Club Africa. Nous avons également collaborer avec des artistes internationaux Safi et moi, nous avons enregistré une chanson avec des musiciens italiens également. Des projets qui feront inchallah objet d’albums. Les chansons que nous produisons dans le cadre de notre partenariat avec Club Africa, ma femme et moi les travaillons pour une sortie prochaine d’album.

Madou Sidiki, merci pour l’accueil !

Merci à vous MaliCulture, bonne continuation…

administrateur

MaliCulture est une jeune et nouvelle initiative de Dia Djélimady SACKO, Femme de Lettres, de Culture, Chargée de communication et Ex-professeur de Lettres, consultante en édition. Entreprenante et passionnée de Médias et de Culture, la franco-malienne travaille pour faire de Mali Culture la référence médiatique en matière de vulgarisation des expressions culturelles au Mali. Avec sa petite équipe de stagiaire, qu’elle veut voir grandir, elle entend accompagner les entreprises culturelles dans la diffusion et la valorisation de la culture malienne. Dia est diplômée d’un Master2 de Lettres Recherche et de Science de l’Éducation de l’Université de Toulouse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *