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Quel est le problème de l'agriculture au Mali ?

Maryse Leconte
Maryse Leconte
2025-06-19 14:18:22
Nombre de réponses : 14
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Les conséquences sont quotidiennes et tragiques, notamment pour le secteur agricole. Il n’existe aucune estimation officielle disponible du nombre d’hectares de cultures sous les eaux ou inaccessibles. Mais ce qui est sûr, c’est que des dizaines de milliers de paysans sont déjà et seront, dans les prochains mois, en grande difficulté. Il y a des champs qui ont complètement disparu sous les eaux, des gens qui récoltent leur maïs dans des pirogues, des champs de coton complètement submergés avec des récoltes complètement détruites. L’impossibilité de récolter, le fait que les cultures vont être noyées, et surtout les difficultés de conservation – parce que quand il pleut, on ne peut pas faire sécher les récoltes –, ce sont des phénomènes qui vont fortement affecter la production de cette année. Minimum 40% des agriculteurs vont avoir des problèmes. Le riz est arrivé à maturité, il faut faucher, mais on est complètement dans l’eau, ce qui ne m’était encore jamais arrivé. J’ai commencé à récolter mon riz et je suis obligé de couvrir avec des bâches. On stocke les récoltes dans des parties un peu surélevées et on les couvre, en attendant qu’il y ait une accalmie dans la pluviométrie. Mais c’est vraiment un défi énorme et ça coûte cher pour avoir des bâches de qualité. Donc ça fait des dépenses supplémentaires en termes de coûts de production. Certains paysans ont tout perdu à la fois : leurs cultures et leur maison.
Franck Pages
Franck Pages
2025-06-19 10:17:01
Nombre de réponses : 12
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La capacité de l’agriculture familiale à contribuer efficacement à faire face aux enjeux de sécurité alimentaire est controversée. L’agriculture malienne est structurellement le fait de petits producteurs. Mais pour une partie de l’administration et de la classe politique malienne, la croissance agricole et la sécurité alimentaire passent par le développement d’exploitations agro-industrielles intensives en intrants. L’Etat a donc continué à favoriser l’installation de grandes entreprises en leur attribuant de vastes superficies de terres avec un accès privilégié à l’eau et sans réelle contrainte. Au contraire, les exploitations familiales peinent à obtenir quelques hectares et sont assujetties au paiement d’une forte redevance hydraulique. Les politiques d’incitation ne ciblent pas spécifiquement un type d’exploitation et elles bénéficient le plus aux grandes exploitations spécialisées. Les exploitations familiales maliennes ont pourtant un besoin urgent d'une politique agricole ambitieuse. Leur intégration aux marchés reste très faible et les innovations sur la valorisation des produits sont à l'état embryonnaire. Cette différence de traitement de la part du gouvernement révèle une perte d’intérêt pour l’agriculture familiale, pourtant à l’origine du dynamisme de la production agricole dans la zone de l’Office du Niger.