Que sont les alliances à plaisanterie ?

Les alliances et parentés à plaisanterie sont moyens d’instaurer la paix, l’entraide, la solidarité inter-ethnique, et interpersonnelle. Elles sont aussi et surtout un moyen de catharsis social. Le terme d’alliances à plaisanterie a été introduit dans la littérature ethnographique par R. H Lowie en 1912 sous la forme anglaise de « Joking Relationship » pour traduire un terme employé par les indiens des plaines de l’Amérique du Nord. Le terme désignait alors, note Alain Joseph Sissao, un certain type de conduites verbales, voire gestuelles très libres touchant à l’obscénité vis-à-vis d’individus de même clan et avec lesquels se trouvaient établies des relations familiales précises. Les plaisanteries se placent à plusieurs niveaux, notamment familial, clanique, inter-ethnique, interrégional. Ainsi sous nos cieux, cette pratique est courante pratiquement entre toutes les ethnies. Les alliances et parentés à plaisanterie sont aussi des relations sociales qui se produisent entre différentes ethnies et régions, comme le montrent les exemples de plaisanteries entre les Moaga et les San, les Moose et les Gulmance, les Bobo et les Peuls, etc. Il est important de noter que ces relations de plaisanterie sont régies par des règles et des limites, comme l'interdiction de faire la cour à la femme d'un autre ou de commettre l'adultère, même si la personne est un parent à plaisanterie. En cas de différend entre parents à plaisanterie, ces liens ancestraux peuvent être utilisés pour résoudre le conflit de manière amiable, sans avoir recours aux tribunaux. Dans un monde où les identités sont de plus en plus menacées par la modernité, ces mécanismes de régulation sociale inscrits dans la tradition apparaissent comme un gage d’équilibre et de stabilité, comme le souligne Jacques Chevrier du centre d’études Francophones.