Les dieux jumeaux des Celtes s’inscrivent dans le vaste cadre du dioscurisme des peuples indo-européens. S’ils présentent divers points communs avec les paires de frères divins des cultures apparentées, ils offrent cependant la particularité de former, au-delà de leur gémellité, l’un et l’autre des divinités de premier plan dans leur domaine d’élection. On a pu établir que ce frère, lié à l’eau, aux espaces et créatures sylvestres, protagoniste de morts et de renaissances successives, s’incarne dans le dieu cervin gaulois Cernunnos. Les recherches comparatistes ont par ailleurs montré que ce dioscure ‘sauvage’ représente l’homologue du grec Dionysos et de l’indien Śiva. De son côté, son frère lumineux et multifonctionnel Lleu/Lug(us) s’avère l’équivalent de l’hellénique Apollon.
Maîtres des passages du temps et/ou de l’espace qu’ils parcourent, les frères géminés concourent à l’équilibre dynamique du monde entre les pôles opposés des ténèbres et de la lumière, des vivants et des morts, du sauvage et de l’ordonné.
Les Jumeaux divins sont figurés, soit sous forme humaine, soit sous celle d’animaux identiques ou dissemblables, sur un nombre considérable de représentations plastiques.
Ces dieux frères sont présents, isolément ou de concert, à toutes les étapes successives du cycle annuel.
Leur intervention - qui n’exclut nullement celle d’autres divinités - joue un rôle moteur dans la dynamique cosmique et l’alternance saisonnière.