Depuis que les islamistes contrôlent le nord du pays, la musique se perd au Mali : l’instauration de la charia a conduit à l’interdiction de la diffusion de toute musique profane – musique traditionnelle et musique occidentale.
La force du Mali, c’est sa laïcité, et dans cette laïcité, il y a sa diversité culturelle.
Comment avez-vous ressenti l’application de la charia par les islamistes dans le Nord-Mali, qui interdit aux gens d’écouter toute musique « profane » – occidentale ou celle des griots ?
Quand ils sont rentrés à Gao, quelqu’un de l’orchestre régional de Gao, dont j’étais le chanteur soliste dans le temps [...], m’appelle de là-bas pour me dire : « Ils sont arrivés, ils ont pris tout le matériel, ils l’ont amené sur une place publique, ils ont mis de l’essence là-dedans. »
Ils disent que c’est pas une bonne chose.
Et à Gao et dans tout le Nord, on n’ose même pas faire de la musique.
Il n’y a plus d’art, l’art est enterré là-bas.
On dit que la musique adoucit les mœurs...
Les islamistes ont également détruit des mausolées.
Les mausolées, quand même, c’est nos ancêtres !
C’est depuis les XIe et XIIe siècle !
Et les mausolées et tout ce qui est patrimoine, ce n’est plus juste pour le Mali.
C’est la galère totale.
Certains ont eu la chance de revenir vers Bamako, mais certains sont restés et attendent des lendemains meilleurs.