L’histoire du delta nigérien s’est écrite au fil de migrations juxtaposant des ethnies qui ont conservé chacune leur langue, leurs coutumes, leurs croyances et leur propre mode de vie.
Personne ne conteste que des métissages aient immanquablement affecté ces communautés, mais toutes se sont efforcées de conserver jalousement leur identité, si bien qu’aujourd’hui encore on peut brosser le tableau de chacune d’entre elles dont les quatre plus importantes ou les plus originales furent celles des Bozo, des Peuls, des Mandingues et des Dogon.
Constituant le groupe ethnique le plus anciennement implanté le long du fleuve, les Bozo vivaient essentiellement de la pêche.
On ignore leur origine, on peut seulement dire que les récits mythologiques relatifs à la chasse qu’ils se transmettent et les armes dont ils disposent laisseraient penser qu’ils vécurent à une certaine époque loin du fleuve.
Si l’on considère la vie qu’ils continuent aujourd’hui encore à mener, on ne peut que constater leur parfaite adaptation au milieu aquatique.
Leurs petits villages élevés sur les bras secondaires du fleuve ou en bordure de marais ne sont joignables qu’en pirogue.
Les cases construites à la hâte en végétal se déplacent en fonction du niveau des eaux.
Vivant en petites communautés qui n’ont jamais pu se regrouper en vastes ensembles, ils ont toujours constitué une minorité soumise et relativement méprisée, tout en sachant se rendre indispensables pour le ravitaillement.