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Quelle est l'histoire de Kidal ?

Georges Chevallier
Georges Chevallier
2025-06-09 15:21:21
Nombre de réponses : 5
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Depuis mercredi 22 novembre, le drapeau tricolore du Mali flotte de nouveau au sommet du fort de Kidal, bastion de toutes les rébellions touareg qui ont secoué le pays depuis son indépendance en 1960. Kidal a fini par se rendre aux soldats maliens appuyés par les mercenaires du groupe russe Wagner. Le 14 novembre, ceux-ci sont entrés dans la ville sans que les rebelles n’opposent de résistance. Ces derniers, comme une part conséquente de la population civile, l’avaient déserté la veille. L’armée malienne attendait ce moment depuis mars 2012 et son éviction de la ville par une coalition de groupes armés indépendantistes et djihadistes. Contrôlée par les groupes politico-militaires réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) depuis leur signature de l’accord de paix d’Alger avec l’Etat en 2015, Le symbole, pour Bamako, d’une souveraineté retrouvée que le président de transition promet depuis son deuxième coup d’Etat en mai 2021.
René Gros
René Gros
2025-06-09 15:11:13
Nombre de réponses : 10
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L’histoire de la région de Kidal est marquée par quatre rébellions, en 1963-1964, en 1990-1991, en 2006 et en 2012. La région administrative est créée le 8 août 1991 par décret, à la suite des Accords de Tamanrasset du 6 janvier 1991, signés sous Moussa Traoré par son Chef d’état-major, le colonel Ousmane Coulibaly. Après la rébellion de 1990, on assista à la signature du pacte national, par Zahabi et Zeidane, qui est à l’origine de la « Décentralisation ». Cependant, à la suite de sa difficile mise en œuvre et aux difficultés à établir un dialogue entre l’Etat central et les groupes rebelles, survint la rébellion d’avril 2006. Ces Accords d’Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région de Kidal fixaient les modalités du développement du Nord du Mali. Alors en octobre 2011, considérant qu’aucune application satisfaisante des accords d’Alger n’avait pu voir le jour, le Mouvement national de l’Azawad (MNA) décide de fusionner avec le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), donnant ainsi naissance au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). En janvier 2012, ne voyant pas d’avenir par une solution politique, le MNLA attaque les postes militaires maliens dans la région. Fin mars 2012, ces trois mouvements revendiquaient le contrôle des 2/3 du territoire suite à la chute du régime d’ATT. L’Accord de paix et de réconciliation de Bamako issu du processus d’Alger, du 15 mai 2015 enterre définitivement et à jamais les velléités séparatistes d’une minorité arabo-touarègue, qui depuis 53 ans sévit sporadiquement dans les régions nord du Mali pour entraver son développement au nom d’une population qui ne la guère sollicitée.
Thomas Petit
Thomas Petit
2025-06-09 10:50:15
Nombre de réponses : 9
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Kidal occupe une place spéciale dans la géographie et les consciences sahéliennes. Kidal, où vivent quelques dizaines de milliers de personnes, et sa région sont le foyer historique des insurrections indépendantistes successives qu'a connues le Mali depuis son indépendance vis-à-vis de la France en 1960. La région de Kidal a été l'une des premières à tomber aux mains des rebelles, les uns indépendantistes, les autres salafistes, quand a éclaté en 2012 l'insurrection dont les prolongements ont plongé le Mali dans la tourmente qu'il connaît aujourd'hui encore. Elle est ensuite passée sous la seule coupe des salafistes, et été reprise par les séparatistes en 2013 dans le sillage de l'intervention française. Avant mardi, l'armée et l'Etat maliens n'avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l'armée. En mai 2014, quelques jours après la venue de Moussa Mara, les rebelles ont accepté un cessez-le-feu. En 2015, ils ont signé avec le gouvernement un accord de paix, renonçant à leurs projets indépendantistes contre plus d'inclusion dans la société malienne, y compris dans une armée dite reconstituée, et plus d'autonomie. La rébellion a repris les hostilités en août. Dans la reconfiguration sécuritaire en cours, Kidal s'annonçait comme la prise ultime. Quand la MINUSMA a quitté son camp de Kidal le 31 octobre, les rebelles ont été prompts à en prendre possession, au grand dam de la junte.