Les sources de l'histoire de l'Afrique noire, semblent pour une bonne part des sources orales.
Mais s'agit-il bien de sources ?
Chez les africanistes le contraste est net entre l'utilisation empirique fréquente qui a été faite de la tradition et certains jugements sévères, ou plus ou moins fondés, portés par ceux qui l'appréciaient sur un plan général, entre l'importance qu'elle risque d'avoir pour l'histoire et l'absence d'une étude d'ensemble sur son utilisation critique.
Un chercheur belge vient d'effacer cette inconséquence et cette lacune, et son œuvre serait-elle médiocre — ce qui n'est pas — que la tentative seule suffirait à faire date dans l'historiographie.
Inconséquence et lacune, J. Vansina les souligne en passant la revue de sa prospection bibliographique, où il sépare normalement historiens et ethnologues.
Mais comme les uns et les autres, à cet égard, se partagent en tendances parfois parallèles, on pourrait préférer distinguer deux champs d'enquête.
Le premier grouperait aussi bien les anciennes traditions fixées par écrit à un moment du passé que les traditions vivantes aujourd'hui ou naguère dans les sociétés pratiquant l'écriture : elles ont en commun d'être un piètre terrain pour la recherche méthodologique envisagée, les premières parce que la plupart ou la totalité des prises qu'elles pouvaient offrir par elles-mêmes à la critique ont disparu, les secondes parce qu'elles sont conservées, comme J. Vansina lui-même le souligne, dans une société qui emploie l'écriture pour consigner tous les événements du passé dont l'intérêt dépasse celui de l'anecdote.
Il est utile cependant d'observer ces deux cas quand les études le permettent, et le dossier constitué par l'auteur peut être étoffé.
J. Vansina, De la tradition orale, essai de méthode historique, Tervuren, Musée royal de l'Afrique centrale, Annales, série in-8°, Sciences humaines, n°36, 1961, 179 p. — II s'agit d'une étude méthodologique générale ; si elle se nourrit aux recherches personnelles de l'auteur chez les Kuba, au Rwanda et au Burundi, elle en appelle aussi à d'autres cas variés, africains ou non.
J. Vansina va d'abord à l'histoire des antécédents et des premiers temps de Rome, et cite rapidement le Que sais-je ? de Raymond Bloch, Les origines de Rome, dans son édition de 1946.
Mais le livre donné plus récemment par le même auteur,