La Charte du Manden pose en principe le respect de la vie humaine, la liberté individuelle et la solidarité.
Elle affirme l'opposition totale de la confrérie des chasseurs à l'esclavage qui était devenu courant en Afrique de l'ouest.
L'abolition de l'esclavage fut une œuvre maîtresse de Sundjata Keïta et de l'Empire du Mali.
Cette charte peut être considérée comme une des premières déclarations des Droits de l'Homme.
Toute vie humaine est une vie.
Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre mais une vie n'est pas plus ancienne, plus respectable qu'une autre vie, de même qu'une vie ne vaut pas mieux qu'une autre vie.
Toute vie étant est une vie, tout tort causé à une autre vie exige réparation.
Par conséquent, que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause de tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable.
Que chacun veille sur son prochain, que chacun vénère ses géniteurs, que chacun éduque ses enfants, que chacun pourvoie aux besoins des membres de sa famille.
La faim n'est pas une bonne chose, l'esclavage non plus n'est pas bonne chose.
Il n'y a pire calamité que ces choses-là, dans ce bas monde.
Tant que nous disposerons du carquois et de l'arc, la famine ne tuera personne dans le Manden, si d'aventure la famine survient.
La guerre ne détruira plus jamais les villages pour y prélever des esclaves.
C'est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable, pour aller le vendre.
Personne ne sera non plus battu au Mandé, a fortiori mis à mort parce qu'il est fils d'esclave.
L'essence de l'esclavage est éteinte ce jour d'un mur à l'autre du Mandé.
Les razzias sont bannies à compter de ce jour au Mandé, les tourments nés de ces horreurs disparaîtront à partir de ce jour au Mandé.
Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits des lois de sa patrie.
Tel est le serment du mandé à l'adresse des oreilles du monde tout entier.