Lamine Badian Kouyaté sourit en voyant la vidéo dans laquelle il raconte son rapport à ce textile dont on croit tout savoir en le résumant à « africain », mais dont on ne sait en fait à peu près rien, et dont l'exposition consacre toute la richesse historique et artistique.
Il y a quelques semaines, on a vu Rihanna, puis Rosalia, puis Jennifer Goicoechea (madame Usher), porter une de ses robes longues imaginées à partir de maillots des Carolina Panthers et des Atlanta Falcons.
Lamine Badian Kouyate a créée en 1991, XULY.bët (une expression wolof qui veut dire « ouvre bien grand les yeux » et qu'on prononce « rouli beute »), sur le site de la marque que Lamine Badian Kouyate a créée.
Le créateur de 62 ans né au Mali, réfugié politique à Argenteuil à 14 ans, parti au Sénégal puis installé à Paris, donne dans l'upcycling, c'est-à-dire la transformation d'un objet usagé pour en faire autre chose.
Il éclate de rire avant d'expliquer que les marques de sport ont des stocks énormes, que les équipes ont des stocks énormes.
Il essaie d'ailleurs de se rapprocher de clubs, de foot notamment, sans succès pour l'instant.
Alors il travaille avec des fripiers qui lui vendent des ballots de vêtements de sport.
Lamine Badian Kouyate parle bas, laisse plein de ses phrases en suspens, Patrick Modiano de la mode, se laisse parfois emporter par un éclat de rire qui donne l'exquise impression qu'il a 8 ans.