Mali : les plumes émergentes
Ils sont le nouveau visage de la littérature malienne, nous les appelons les plumes émergentes. Ils s’appellent Sadya Touré, Assoumane Samba, Issouf Koné etc, l’année littéraire 2018 sera marquée par la sortie de leurs livres. La propulsion de ces jeunes escritors du Mali est pensée par quelques maisons d’éditions maliens dont le but est de vulgariser le livre, amener l’objet ludique à son lecteur.
Au nom du Thé, du Sucre et du Grin
Parmi ces jeunes écrivains en herbe, la rédaction de maliculture.ml a entrepris de s’entretenir avec Issouf Koné dont la sortie de la pièce de théâtre en chantier : Au nom du Thé, du Sucre et du Grin est prévue très prochainement.Ce titre claquant qui fait sourire de prime abord pour qui connaît l’amour du malien pour le thé vert de chine bien corsé. Une rencontre qui nous permet au delà de la discussion à bâton rompu sur la passion de son auteur pour l’écriture de manière générale et de l’écriture romanesque en particulier, d’entamer un débat sur un fait de société. Le livre se donne pour objectif de lire la société malienne et ses problèmes à travers l’œil de la théière. Pour cela le Grin se trouve justement cet espace de socialisation par excellence, le grin est à la société malienne ce qu’est le bar du coin pour d’autres sociétés se trouve.
La jeunesse malienne et le grin à travers les lunettes de la littérature
Le grin c’est là où les jeunes d’une même rue d’un même quartier se retrouvent. C’est l’espace où l’on parle de tout, de rien. De ces sujets de prédilections la gouvernance se niche au cœur des préoccupations. Pour le jeune auteur en voie de publication « le grin est un haut lieu de débat social mais également pour certains un lieu où l’on végète sous le prétexte de manquer d’emploi ou de perspective. L’auteur de la pièce de théâtre ne se montre pas que critique des grins, il se veut réaliste et analyste sur cet espace de prédilection de la jeunesse à laquelle il appartient.
L’approche théâtrale de l’espace grin
Pour résumer son approche de sa lecture sociale par l’entrée du grin, il nous explique que son : » livre soulève les problèmes de société, le temps qu’on peut mettre au grin on peut le mettre à profit pour lire un bon livre ou mener une action qui devra servir la société. Il est aussi le moyen de réfléchir sur ces espaces de socialisations, ce qu’ils pourraient apporter à leur société, s’ils étaient porteurs d’initiative. Mon intention est de partir du grin pour poser un œil critique sur certaines pratiques de notre société. J’ai grandi à Abidjan ce phénomène n’existe pas là bas. A mon retour au Mali, j’ai été dans beaucoup de grin la chance de causer avec les gens, au départ me séduisait, mais à la longue, le fait d’y passer autant de temps me déplaisait. Devant ce constat, je voulais faire un simple billet au final je me suis rendu compte que le billet n’allait pas suffire, de là j’ai décidé d’en faire un livre. Je voudrais toutefois préciser que l’on apprend beaucoup de chose au grin, mais il ne faut pas oublier qu’il faut de l’action, c’est un gros piège en soi, on ne voit pas le piège au départ et c’est difficile après de s’en défaire, c’est ce qu’il faut éviter »
Regarder la société à travers le grin, pour ce faire le jeune Ivoiro-malien, a pris l’initiative de choisir des personnages jeunes, sans emplois, pour mieux ressortir les problèmes de société. C’est un combat de tous les jours et de conscience. Sans se rendre compte, on glisse petit à petit vers l’entraînement de trôner au grin jusqu’à pas d’heure, ce qui est tr-s néfaste à l’activité humaine. Pour ma part c’est une question de conscience et d’objectif.
Le thé , plus qu’aliénant que le khat, le café ou l’alcool est une seconde religion pour la majeur partie des maliens. Tous ses grands amateurs sont attachés à leur thé premier. Puisque la littérature c’est de poser le miroir sur la société, nous attendons avec impatience et pensons qu’ Au nom du Thé, du Sucre et du Grin, amènera le malien a réfléchir sur son addiction au thé, à la théière.
Dia D Sacko
@DiaSporactive