:

Quel est l’esprit africain de l’eau ?

Jeanne Vasseur
Jeanne Vasseur
2025-07-11 13:38:36
Nombre de réponses : 12
0
Mami Wata est décrite comme une très belle femme autoritaire aux longs cheveux noirs, à la peau claire et aux yeux irrésistibles. Même si elle apparait souvent dans les rêves et les visions à ses adeptes comme une belle sirène, on peut également la voir marcher dans les rues des villes africaines modernes sous la forme d'une très belle femme, magnifique mais insaisissable. Elle est intéressée par toutes les choses modernes; ses offrandes préférées sont les bonbons, les parfums importés, des lunettes de soleil, des bijoux et les boissons à la mode. A la nuit tombée, on la trouve au cœur des grandes villes. Elle est très présente également sur les marchés et surtout dans les bars et les lieux de débauche, toujours sous les traits d’une très belle femme qui entraîne les hommes dans leur folie. Elle leur demande fidélité et secret sur leur relation. De ce fait, l’homme est contraint à l’abstinence sexuelle s’il accepte le pacte, la fortune et la santé lui sont accordées. S’il refuse la ruine, la misère et la maladie s’abattront sur lui et les membres de sa famille. Dans le folklore congolais, Mami wata est une prostituée qui tente et pervertit les hommes. Néanmoins, l'esprit semble être lié à d'autres esprits de l'eau qui ont une histoire beaucoup plus ancienne sur le continent africain. Les divinités aquatiques étaient très nombreuses, en Afrique de l’ouest comme en Afrique centrale. Dans la culture Igbo on retrouve ces esprits de l’eau sous le nom de ndi mmili, alors que dans la civilisation Kongo, ces esprits portent le nom de mbumba. Certaines histoires Igbo suggèrent que les poissons sont ses enfants, et qu'elle les utilise comme bois de chauffage. Les couleurs de Mami Wata sont rouge et blanc. Ceux qu'elle afflige avec des visions et des tentations, et qui vivent cette expérience comme une obsession ou une maladie, doivent porter des couleurs rouges. D'autres qui ont une orientation plus positive envers l'esprit peuvent montrer leur bénédiction par le port de la couleur blanche. La plupart des adeptes portent une combinaison de vêtements rouge et blanc. Mami Wata peut donner la richesse à ses adeptes, ses "filles" ou à ses conjoints (hommes) qui lui sont fidèles, mais elle n'est jamais connue pour donner la fertilité. Mami Wata est parfois perçue comme une métaphore des conditions africaines modernes - avoir la connaissance de la richesse mondiale et le désir de consommation à grande échelle, mais manquer de richesse ou de l'accès effectif à cette richesse du monde ce qui permettrait aux Africains de participer au système.
Marcel Masson
Marcel Masson
2025-07-04 17:33:33
Nombre de réponses : 10
0
L’esprit africain de l’eau est symbolisé par la sirène mystérieuse qui hante de nuit les rivages océaniques et lagunaires. La vénération qui entoure Mami Wata est indissociable de l’importance accordée à l’eau comme élément vital et comme synonyme de pureté. Eau des fleuves et des lagunes chargées de limons fertiles, eau de l’océan riche de son iode et de ses poissons, eau des moussons enfin, attendues chaque année avec impatience voire anxiété, porteuse de régénérescence et de résurrection. Toutes ces qualités sont liées ou attribuables à la sirène Mami Wata. Mami Wata, la mère des eaux, est une Ophélie africaine, la réincarnation d’une femme peulh entraînée dans les eaux par la sirène et qui revient hanter les berges. Mami Wata fait partie du vaste panthéon vaudou et représente une déesse mère, protectrice des femmes habitées par un esprit des eaux auquel elles rendent un culte. La représentation de la sirène en femme fatale est un thème fréquent dans la peinture populaire, mais l’aspect blanc du corps de Mami Wata peut être lié à l’origine européenne du mythe. Pourtant, l’imagination prolifique des Africains n’a pas besoin de produits étrangers pour alimenter leur imaginaire fertile. Une autre origine paraît certaine, fondée sur la présence en nombre sur les côtes d’Afrique, du Sénégal à l’Angola, de vastes colonies de lamantins, l’animal a de quoi frapper les esprits avec son aspect humanoïde. La couleur claire de la peau, et les nageoires, tous ces éléments contribuent à assoir la légende de la sirène.
Guy Gallet
Guy Gallet
2025-06-27 07:48:34
Nombre de réponses : 11
0
L'eau est d'abord un élément relevant de l'imagination humaine. La représentation fait appel à la religion, à la spiritualité, aux mythes et aux légendes, aux rituels. Source de vie, moyen de purification, centre de régénération, ces trois formes se rencontrent dans les traditions négro-africaines. Divisée par toute l'Afrique depuis l'antiquité pharaonique, l'eau fascinante participe à la fertilité des champs, à la fécondité des êtres et des choses. Mais en outre chaque sorte d'eau - pluie rivière, source mare, lac mer, eau recueillie dans le creux d'un arbre, rosée - est investie d'une signification particulière. L'eau, séjour des esprits, a son rôle à jouer dans les cérémonies vaudous du Bénin, du Togo et du Nigeria, d'où le caractère magique des sources, des rivières et des cascades. L'eau peut aussi fonder le pouvoir temporel et religieux de groupes d'initiés, généralement constitués en sociétés secrètes qui s'approprient par des moyens surnaturels les attributs magiques des génies aquatiques. L'eau est une matière précieuse dont la raréfaction est une véritable catastrophe naturelle. La vie du paysan est littéralement suspendue au régime des pluies : qu'elle vienne à manquer, qu'elle tarde ou soit trop abondante, et il multiplie les rituels et les invocations qui tissent la trame de la civilisation rurale.