Quelle montagne n'a jamais été gravie ?

Situé dans une région reculée et difficile d’accès, le Gangkhar Puensum n’est pas la première destination que choisissent les alpinistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels. L’absence d’infrastructures développées rend en effet l’organisation d’une telle expédition particulièrement compliquée. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé par le passé : de 1985 à 1994, le Gangkhar Puensum fait régulièrement les frais d’ascensions humaines, mais son sommet reste vierge en raison de difficultés techniques, sanitaires ou météorologiques. À partir de l’année 1994, le gouvernement bhoutanais interdit l’ascension des monts dépassant les 6000 mètres en raison des croyances religieuses locales. Les sommets sont en effet considérés comme des lieux sacrés où résident des esprits et des divinités. L’interdiction se renforce en 2003 quand l’alpinisme est entièrement banni dans le pays pour préserver le caractère sacré des montagnes locales. Le Gangkhar Puensum incarne la vision d’une montagne respectée non pour sa conquête, mais pour sa nature intacte, témoignant de l’harmonie entre traditions ancestrales et préservation de la biodiversité. Cette montagne est ainsi devenue un symbole fort de préservation, illustrant le lien sacré que les Bhoutanais entretiennent avec leur environnement. Il s’agirait aussi du plus haut sommet vierge du monde.

Il y a des sommets que l’on rêve de conquérir, et d’autres que l’on contemple, intacts, inaccessibles. Le mont Kailash, au Tibet, appartient à cette seconde catégorie. Il y a un siècle, Hugh Ruttledge, explorateur britannique, aurait pu tenter l’ascension. Il a renoncé. Dans les années 1980, Reinhold Messner, légende de l’alpinisme, aurait reçu une autorisation officielle de Pékin pour gravir Kailash. Il a refusé. « Si nous conquérons cette montagne, alors nous conquérons quelque chose dans l'âme des gens. » Là où l’Everest croule sous les embouteillages de grimpeurs et les cadavres gelés, le mont Kailash est resté à l’écart. Pas une trace de crampon, pas une corde fixe, pas un camp de base. Un cas unique. Ce n’est pas qu’une interdiction. C’est un respect instinctif, un code non écrit. Même les grimpeurs les plus téméraires comprennent : ici, la vraie ascension est ailleurs. Aucun alpiniste ne s’y aventurera. Un sommet que l’on ne gravira jamais On ne l’escalade pas. On ne l’annexe pas. On ne le défigure pas. Le mont Kailash restera-t-il la dernière montagne préservée ? Peut-être. Mais s’il devait y en avoir une, ce ne pouvait être que celle-là.

C’est peine perdue quant aux montagnes du Bhoutan, car le petit état bouddhiste refuse que l’on grimpe sur ses cimes, considérées comme sacrées. Certaines ont été gravies avant que cette interdiction ne prenne formellement effet en 1994, pour les autres, c’est fichu. Comme pour le Gangkhar Puensum et ses 7.570 mètres d’altitude sur lequel au moins 4 expéditions avaient tenté leur chance. C’est la plus haute montagne accessible à ne pas avoir été gravie : les quelques cordées qui ont tenté leur chance n’ont tout simplement pas réussi. C’est le Muchu Chhish avec ses 7.543 mètres.

Aucun alpiniste n’est encore parvenu à gravir le mont Gangkhar Puensum, dans le nord du Bhoutan. Avec ses 7 570 mètres d’altitude, il est considéré comme le plus haut sommet vierge de toute ascension humaine. Et il devrait le rester. Un sommet enneigé, aux pentes abruptes, dont la cime effilée se détache dans le ciel. Le Gangkhar Puensum est considéré comme étant la plus haute montagne vierge de toute ascension humaine. Et elle devrait garder son titre. Le Gangkhar Puensum n’est pas la seule montagne qui n’a jamais été gravie. Elles sont nombreuses, en Chine, au Népal, au Pakistan… Parmi elles, quelques  sommets dépassent les 7 000 mètres d’altitude, et énormément les 6 000 mètres, explique, au téléphone, Christophe Moulin, guide de haute montagne qui a réalisé une vingtaine d’expéditions en Alaska ou dans l’Himalaya, et entraîné des jeunes alpinistes de haut niveau.

Le Gangkhar Puensum est certainement l’un des sommets vierges les plus impressionnants, notamment parce qu’il est le plus grand de tous. Aucune des six ascensions tentées depuis 1983, à l’ouverture du Bhoutan à l’alpinisme, n’a abouti, et ça n’est pas près d’arriver, car le pays a ré-interdit l’alpinisme sous toutes ses formes en 2003. Le Tongshanjiabu se trouve lui aussi en Himalaya et culmine à près de 7 207 m d’altitude. Le Praqpa Kangri Sur les trois sommets du Praqpa Kangri, seuls deux sont encore vierges : le sommet central et le plus haut, qui culmine à 7 134 m, et le sommet Nord. S’il est encore vierge, contrairement au sommet principal, c’est parce que son ascension a été jugée trop difficile par l’expédition japonaise de 1986. Le Karjiang I Ce sommet tibétain comporte au total trois sommets, culminant à plus de 7 000 m d’altitude. Le plus haut, le Karjiang sud ou I, monte jusqu’à 7 221 m d’altitude. D’autres explorateurs ont essayé de gravir le sommet Sud en 2001, mais ont dû s’arrêter à la pointe de 6 824 m. Le sommet principal de 7 367 mètres, lui, a déjà été atteint en 1987 par une expédition sino-japonaise. Le sommet est parfois représenté comme le « vrai » point culminant de la montagne. Tous les autres sommets de l’Apsarasas sont eux vierges, notamment le sommet est. Le Lapche Kang II Culminant à 7 250 mètres, ce sommet est un sommet secondaire de la montagne Lapche Kang, située dans la région autonome du Tibet, en Chine. La dernière expédition, menée par une équipe polonaise en 2016, a pu atteindre 6 900 mètres d’altitude. Le Karjiang I est encore vierge. Le sommet ouest et le sommet sud ont déjà été explorés, tous les autres sommets de l’Apsarasas sont vierges. Le Praqpa Kangri a deux sommets vierges : le sommet central et le plus haut, qui culmine à 7 134 m, et le sommet Nord. Le Gangkhar Puensum est un sommet vierge.

Le Gangkhar Puensum, avec ses presque 7.600m, devrait rester longtemps ce sommet vierge de toute conquête. C’est au Bhoutan que se trouve la plus haute montagne à n’avoir jamais été gravie. En pour cause, depuis le milieu des années 90, le Bhoutan a interdit aux alpinistes de gravir ses montagnes. Plusieurs expéditions avaient été menées dans les années 1980 avant que cette règle ne soit mise en place. Mais elles avaient toutes échoué.