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Mali: Le Bogolan, Une merveille Africaine éclipsée

Le bogolan : un tissu traditionnel africain qui remonte à une époque assez lointaine de l’Afrique. Il est le fruit d’une technique traditionnelle propre aux africains et très développé dans la communauté malienne sous diverses formes. Le Bogolan a une histoire contradictoire et selon l’universalité de la tradition orale.
Bon nombre de thèses existent sur l’appartenance sociale du Bogolan. Abdoulaye Mariko artiste peintre et artisan de Bogolan nous confie que selon sa connaissance en la matière, le Bogolan fut découvert par une femme qui était partie au marigot pour prendre de l’eau. Cette dame portait du <<Nanguiné >>, à sa sortie du marigot elle s’est rendu compte qu’une partie de son pagne était bouée par le banco du marigot. Arrivée à la maison elle lava le pagne pour enlever la boue mais la couleur que le <<N’galama>>, qui a force d’être trempé dans cette l’eau s’était <<décoté>> avait teint son pagne. Alors elle y retourna prendre du banco de ce marigot pour venir se mettre à teinter des pagnes en Bogolan. D’où l’appellation « BOGO » qui signifie en Bamanankan banco et « lan » expression Bambara qui signifie « sortie de ».
Connu sous le nom Bogolan, ce pagne est fabriqué en partie générale par un tissu du nom de <<Daliba>> à l’époque qui était fait à base de fil de coton artisanal y compris le tissu. Ensuite trempé dans la décoction d’une plante africaine appelée <<N’galama>>. De nos jours avec la disparition des techniques ancestrales et la venue de la nouvelle technologie on gagne du temps avec cela par le biais des textiles, le << daliba>> a disparu pour donner place au <<Nanguiné >> Ce pagne une fois trempé prend la couleur initiale du Bogolan.
L’une de ses appartenances sociales fut son usage par les hommes de cultes, les chasseurs, et les personnes qui ont connues des situations funèbres à savoir la perte d’un mari, d’une épouse, d’un enfant et d’autres. En cette époque le deuil se portait par un habit blanc. Ainsi après cette période de deuil, on donnait le Bogolan à la personne. Pour les chasseurs et hommes de cultes la merveille éclipsée était faite par le <<Tiangara>> une plante africaine ou encore par le << Pekoun>> ou raisin sauvage. Nous a confiés Maoua Koné artiste peintre et artisan du bogolan.
Plus tard le bogolan a su séduire la société malienne qui en fit un mode d’accoutrement et petit à petit il est devenu une industrie culturelle. Et aujourd’hui les gens en font même des motifs en créant des styles avec ce tissu trempé.
La couleur initiale du Bogolan est jaunâtre, après cette phase on passe aux ornements par objet ou dessin puis suivra le deuxième trempage qui lui donne sa dernière couleur. Il fut porté à un moment donné de notre histoire par toutes les classes au Mali et sous différentes formes. Ces différents Bogolans se distinguent par les ornements et les colorations. Celui des femmes, et des enfants peuvent porter des ornements comme une marmite, une flèche, une case et celui des chasseurs et des hommes de culte se distingue par la couleur et des objets dessinés dessus. Ces couleurs sont trouvées par un mélange de plante à savoir le <<LELE>> qui à l’initiale est jaunâtre également mais mélanger au <<N’galama>> donne du vert. Pour ce qui en est du << ZOROBLEN>> qui est un type de Bogolan réservé uniquement aux donso et aux hommes de cultes est de couleur rouge et porte des miroirs et autres objets relatives à la chasse et au culte. Ce rouge est à base de <<PEKOUN>> ou encore avec du << N’gaba blen>> qui donne du rouge léger.
Aujourd’hui cet héritage culturel est éclipsé par l’acculturation et l’interpénétration culturelle qui prennent le dessus sur notre culture. Abdoulaye Mariko affirme que le Bogolan est symbole de l’africanité et de richesse culturelle car cela émane de nos aïeux et que nous devons tout faire pour le garder afin de ne pas commettre le péché de le perdre à jamais.
Après constat dans la société, le bogolan est éclipsé par les tenues occidentaux et du Moyen-Orient. Au manque de ne pas y faire attention, toute une culture entière est risquée avec le bogolan. L’une des manières les plus essentielles dans la transmission d’une culture est aussi le style vestimentaire. L’identité culturelle de notre société est en train de disparaître car la disparition du bogolan, qui constitue plus qu’un style vestimentaire chez nous, est un héritage culturel qui a toute une histoire à ses dépens.
Fama Mademba Sacko

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