Les sociétés du Sahel africain sont structurées à partir d'une division en trois groupes : Les nobles, possesseurs des terres et du bétail et détenteurs du pouvoir politique et religieux, les esclaves, descendants des captifs de guerre et astreints au service des nobles, et les hommes libres ou "gens de castes" qui comprennent plusieurs catégories d'artisans : forgerons, tisserands, cordonniers, bouchers, etc... et les griots.
Chacune de ces castes d'artisans est héréditaire et endogame, c'est-à-dire qu'un homme né dans une de ces castes ne pourra exercer que la fonction qui est liée à celle-ci et ne pourra épouser une femme provenant d'une autre caste.
Vis-à-vis des nobles, les gens de caste ont un statut assez ambigu, ils ne vivent pas comme eux de la terre et de ses produits, mais essentiellement d'un savoir-faire apparaissant souvent comme une connaissance occulte transmissible aux seuls initiés.
Les gens de caste tirent donc leur puissance de leur situation de rejet.
S'ils ne sont pas directement producteurs ils sont les auxiliaires indispensables de toute activité productrice.
S'ils n'ont pas accès à la chefferie, ils remplissent souvent un rôle d'intermédiaire entre ceux qui exercent le pouvoir, et tirent de ce rôle une autre forme de pouvoir.
La fonction du griot, pour être tout aussi importante, est quant à elle, beaucoup moins connue parce que moins perceptible et moins identifiable à une fonction comparable existant dans les sociétés occidentales.
On peut penser que les ménestrels ou les troubadours de la société médiévale leur seraient relativement comparables dans la mesure où, comme eux, ils avaient surtout pour fonction de chanter devant les nobles de longs récits épiques de caractère historico-legendaires en s'accompagnant d'instruments de musique.
En fait, cette comparaison permet à peine d'esquisser une compréhension sommaire de la fonction du griot dans les sociétés africaines traditionnelles et contemporaines.
On ne peut, en effet, comprendre toute la richesse et la complexité de cette fonction qu'en se repérant à l'organisation sociale globale dans laquelle celle-ci trouve sa place.