La ville de Tombouctou a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en 1988 pour sa valeur universelle exceptionnelle en tant que capitale intellectuelle et spirituelle africaine aux XVe et XVIe siècles. Il s’agit d’un trésor culturel irremplaçable, abritant seize mausolées de saints musulmans datant du XIIIe siècle, dont quatorze ont été démolis par des extrémistes. Suite à la destruction, Tombouctou et le Tombeau des Askia ont été placés sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et l’UNESCO a lancé une série d’actions majeures pour aider le Mali. Lorsque j’ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé : “Pourquoi Bensouda n’enquête-t-elle pas sur les crimes de sang? Ce ne sont que des bâtiments”. Mais c’était tellement important. Nous devions faire passer le message que la destruction de sites classés par l’UNESCO ne peut rester impunie. Tombouctou a également un patrimoine architectural unique en terre, et la reconstruction et la restauration des sanctuaires et des mosquées ont mis en lumière le potentiel du patrimoine culturel en tant qu’outil de consolidation de la paix et de renforcement de la résilience. Il est également important de protéger les sites du patrimoine, comme la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, et les manuscrits anciens qui ont été brûlés ou volés par des extrémistes. Enfin, Tombouctou est importante car le patrimoine séculaire du Mali était visé, car il incarnait l’âme vivante d’une société et d’un peuple. Face au fanatisme, les Maliens ont donné une leçon de tolérance, de dialogue et de paix.