Quelles sont les fonctions sociales de la musique mandingue ?

Dans le Mandingue, musique, chant et danse revêtent avant tout une fonction sociale d’intégration et d’apprentissage. Cependant, depuis l’indépendance des pays de l’Afrique de l’Ouest, les « ballets » se destinent progressivement au seul divertissement. La musique de percussions mandingue se distingue par sa polyrythmie. Ainsi les dununs ou doum-doum donnent la base de l’architecture du rythme tandis que les djembés interprètent leurs propres mélodies qui se superposent. Variant en fonction de l’accord des différents instruments joués et du type de frappe utilisé, cette base donne aux solistes le rythme de référence sur lequel ils peuvent développer leurs improvisations, piment musical apportant la touche personnelle à l’ensemble traditionnel. Les arts, dont la musique, constituent donc une partie intégrante de cette culture basée sur l’organisation sociale et familiale, les langues, les traditions et les rituels, l’appartenance à un nombre restreint de familles ou de clans, la construction de la société via la parole, et l’existence d’une caste d’orateurs dont le rôle est de transmettre la culture dont ils sont dépositaires. La musique mandingue est donc étroitement liée à la société et à la culture, elle joue un rôle important dans l’intégration et l’apprentissage, ainsi que dans la préservation et la transmission de la culture.

Les fonctions sociales de la musique mandingue consistent à interpréter en public des poésies, des généalogies familiales et d’autres formes de littérature orale. Les griots mandingues ont des rôles qui incluent l'interprétation d'un répertoire d’épopées et de poèmes de louanges. Les griots politiques appartenant à une caste sont socialement autorisés à interpréter en public ces répertoires. Ils sont également la mémoire généalogique des familles mandingues importantes. Les griots exercent leurs talents principalement dans des communautés de chasseurs ou devant un public plus général. Les griots donnent des représentations aussi bien en pays mandingue qu’à l’étranger.

Le chroniqueur Didier Gbetie nous amène à la découverte de cet héritage culturel qui traverse temps et frontières. L’empire mandingue, aussi appelé empire du Mali, a créé une aire culturelle en l’Afrique de l’Ouest qui unit encore aujourd’hui musique, chant et danse et s’étend au sud de la Mauritanie, au Sénégal, en Gambie, en Guinée, au Mali, au nord de la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. La civilisation mandingue s’articule, entre autres, autour de l’organisation sociofamiliale, de la langue, des traditions et rituels et de l’appartenance à un nombre restreint de clans ayant des ancêtres communs. Conteur, poète et musicien, le griot est au sein de la société traditionnelle l’historien-généalogiste des grandes familles, chroniqueur de guerre, conseiller, diplomate et gardien des us et coutumes. La musique mandingue a la particularité d’être polyrythmique. Elle est un support ancestral de la danse et des chants populaires. La musique mandingue progresse avec le temps et change de style selon chaque pays, mais l’extraordinaire richesse traditionnelle intrinsèque que porte cette musique lui permet d’absorber toutes les influences sans jamais en être dénaturée. Parmi les artistes qui gardent en vie et continuent de faire évoluer la tradition musicale mandingue se trouvent les divas maliennes Oumou Sangaré et Rokia Traoré, le Guinéen Mory Kante, le Malien Salif Keita et Sona Jobertheh de la Gambie.