La civilisation africaine procède avant tout du verbe, qu’il soit parole, rythme ou symbole. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler les inévitables causeries qui, à l’heure de la sieste, sur la place de la concession, ou le soir, autour du feu, réunissent plusieurs dizaines d’assistants en des colloques animés, parfaitement réglés et interminables. Généalogies, récits historico-légendaires, contes, fables, proverbes, énigmes et mythes constituent l’essentiel de cette littérature orale dont on commence seulement à apprécier la richesse. La littérature négro-africaine populaire commence enfin à être connue grâce aux efforts conjugués des anthropologues, des linguistes et des ethno-historiens qui recueillent les traditions orales, singulièrement en milieu coutumier. Il s’agit là d’une tâche urgente car, sous l’influence de la modernité qui pénètre les coins les plus reculés de la brousse, les habitudes anciennes s’altèrent et, on l’a dit à juste titre, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui disparaît.