La fête des récoltes tire son origine dans le contexte cananéen, et ce avant l’arrivée du Judaïsme. Il existait alors trois fêtes de récoltes : a) la fête des Mazzot, le pain non levé, célébré lors de la récolte de l’orge ; b) la fête des moissons du blé, Chavuot, célébrée sept semaines après Mazzot, aussi appelée fête des semaines ; et c) la fête des tabernacles, Sukkot, fête des récoltes des fruits et du vin. Celle-ci est devenue progressivement « la » fête des récoltes par excellence. Israël va donner une nouvelle signification à ces trois fêtes. Mazzot va commémorer la sortie d’Égypte, Chavuot la révélation de la loi sur le mont Sinaï et Sukkot le séjour au désert du peuple hébreu.
Le christianisme reprend à son tour cette tradition en l’adaptant puisque Mazzot devient la fête de Pâques et Chavuot devient la fête de la Pentecôte. Avec le temps, le christianisme a progressivement pris de la distance avec la création au point de laisser complètement tomber la dernière fête, celle de Sukkot. Or celle-ci, rappelle justement au peuple hébreu que c’est Dieu qui l’a fait sortir d’Égypte et que donc, à travers la précarité d’une simple tente, chacun peut se rappeler que sa vie ne dépend que de Dieu seul.
Alors aujourd’hui, dans notre société moderne et technicienne, remettre à l’honneur la fête des récoltes, ce n’est pas retomber dans le paganisme et l’idolâtrie. C’est au contraire chercher à réconcilier l’homme avec Dieu en lui montrant que sa vie ne dépend que de Dieu. Il s’agit de retrouver dans les bienfaits que nous obtenons de la nature l’activité créatrice et bien vivante de Dieu.